Devenir historien-ne : méthodologie de la recherche et historiographie

Durant l’été, un cousin de la La boîte à outils des historiens est né sur la plateforme hypotheses.org : Devenir historien-ne est un espace de formation, de réflexions collectives sur les méthodes en histoire, de veille et de partage de références sur l’historiographie, la méthodologie et l’épistémologie de l’histoire.
(Une partie de ce qui suit reprend le texte du « à propos » de Devenir historien-ne)

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« S’il est une conviction bien ancrée dans l’opinion publique, c’est qu’en histoire il y a des faits, et qu’il faut les savoir. (…) Apprendre les faits, les mémoriser, c’est cela apprendre l’histoire. (…) On touche ici sans doute la différence majeure entre l’enseignement et la recherche, entre l’histoire qui s’expose didactiquement et celle qui s’élabore. Dans l’enseignement, les faits sont tout fait. Dans la recherche, il faut les faire. » (Antoine Prost, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », 1996, p. 55)
Ce qu’Antoine Prost définit comme la différence majeure entre l’enseignement et la recherche correspond à celle qui existe entre apprendre de l’histoire en Licence et faire de l’histoire en Master. L’objectif de ce carnet est d’accompagner les historien-ne-s en devenir dans la découverte de méthodes de travail qu’il leur faudra très vite maîtriser pour mener à bien leur première véritable recherche.
Destiné en priorité à un lectorat d’étudiants en Master, il pourra aussi intéresser des doctorants et des enseignants de méthodologie et d’historiographie.
Trois principaux types de contenu y sont proposés :
  • des conseils méthodologiques relatifs aux principaux savoir-faire nécessaires à la réalisation d’un mémoire de recherche en histoire (critiques des sources ; méthode du compte rendu critique ; normes de citations bibliographiques ; etc.) ;
  • des réflexions historiographiques et épistémologiques à travers la présentation de différentes approches possibles en histoire (« écoles », disciplines, sous-disciplines, interdisciplinarité, etc.) et la publication de comptes rendus de lectures ;
  • une veille relative aux publications et événements (formations, journées d’études, etc.) en lien avec des questions historiographiques et méthodologiques utiles pour les historiens en formation.
Appuyé sur une expérience de quatre années d’enseignement de méthodologie de la recherche en histoire à l’EHESS, ce carnet n’est pas pour autant un simple « cours en ligne ». L’expérience se veut collective, fruit d’une collaboration entre un enseignant-doctorant et d’anciens étudiants de ce séminaire de méthodologie. Qu’ils achèvent leur Master, entament un doctorat, ou partent vers d’autres contrées, ils partagent ici leur propre expérience d’apprentissage de la recherche en histoire.
Devenir historien-ne se veut donc une sorte de manuel électronique d’historiographie et de méthodologie. Collaboratif et évolutif, ce carnet ne présente pas LA méthode infaillible et transposable à toutes les situations ; il aspire plutôt à devenir un espace de formation, de réflexions collectives et de débats sur différentes façons possibles de faire de l’histoire.
Depuis le 25 juillet, une quinzaine de billets individuels et collectifs ont déjà été publiés et beaucoup d’autres sont déjà en préparation. « À quoi sert une note en bas de page ? » ; « Pourquoi s’intéresser à l’historiographie ? » ; « Comment citer un ouvrage, un article ou un chapitre d’ouvrage collectif ? » ; « Comment (et pourquoi) écrire un projet de recherche ? »… et bien d’autres questions auxquelles Devenir historien-ne tente de répondre.
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Si j’ai créé ce nouveau blog, c’est en partie afin de reproduire « en ligne » ce que Franziska et moi tentons de faire depuis plusieurs années maintenant à l’EHESS – démarche que nous expliquons et défendons dans un article à paraître en fin d’année dans un numéro spécial de la Revue d’histoire moderne et contemporaine : l’utilisation d’outils informatiques en histoire est désormais incontournable et suppose la mise en place de réelles formations, généralistes et pérennes. Pour autant, celle-ci ne doit pas se faire dans l’oubli de ce qui doit rester au cœur de notre métier : l’analyse historique proprement dite. Nous sommes ainsi convaincu de la nécessité du maintien d’une étroite relation entre les formations aux outils informatiques et les enseignements de méthodologie, historiographie et épistémologie de la discipline.
Cela n’implique pas de tout mélanger – ce qui explique la création, pour le moment, d’un second blog et non l’ouverture de nouvelles rubriques au sein de la boîte à outils. Il s’agit surtout de ne pas perdre de vue que c’est à nous, historiennes et historiens, ne prendre conscience de l’importance des outils informatiques, mais sans tomber dans un fétichisme de l’instrument qui nous ferait oublier les fondements d’une discipline dont nous souhaitons faire notre métier.

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N’hésitez pas à y partager vos propres expériences dans les commentaires sur http://devhist.hypotheses.org
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Émilien Ruiz
Historien, assistant professor à Sciences Po. < e-ruiz.com >

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