L’une des questions centrales qui se posent à toutes celles et ceux d’entre nous qui nous intéressons au « numérique » concerne les transformations pratiques, dans le quotidien des chercheurs, occasionnées par le développement des outils informatiques et des ressources numériques utiles à la recherche.
En effet, s’il est courant de parler de « révolution numérique », c’est souvent sous la forme de grandes déclarations tonitruantes (qui ne sont pas sans rappeler celle d’Emmanuel Le Roy Ladurie concernant les historiens programmeurs en 1967… on sait aujourd’hui ce qu’il en est advenu) ou de « success story » de projet informatiques lourds ou d’investissements considérables de chercheurs dans l’apprentissage et l’utilisation d’outils – dont je ne dément absolument pas l’utilité et le caractère parfois révolutionnaire bien sûr – mais dont la majorité des historiennes et historiens n’auront probablement pas besoin au cours de leur carrière… En tous cas ils et elles en sont persuadés et cela limite généralement les discussions autour du « numérique » à celles et ceux que cela intéresse a priori.
Dans ces conditions, il est difficile d’appréhender les transformations pratiques les plus diffuses du métier d’historien-ne autrement que par des retours d’expériences (voir ici et là), ou des petites enquêtes individuelles – telle que celle que j’ai lancée il y quelques jours (et à laquelle vous pouvez continuer de répondre!).
Johanna Daniel, que vous connaissez probablement sur Twitter sous le nom de Joh Peccadille, n’est pas seulement l’auteur de l’excellent blog Orion en aéroplane. Elle tient aussi depuis quelques mois un carnet de recherche : Isidore et Ganesh.
Dans un billet tout juste publié : « Écriture 2.0/connectée : retour sur la rédaction d’un mémoire« , elle vient d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice qui nous permet de mieux comprendre ce que veut dire faire de la recherche à « l’ère numérique ». Auteure d’un mémoire qui, déjà, visait à étudier, comme son titre l’indique, « Les outils d’annotation et l’édition de corpus textuels pour la recherche en SHS« , elle revient ici en détail sur ses propres pratiques d’ « écriture connectée » et se pose quelques questions du type :
- à quoi lui a servi Twitter ?
- en quoi participer à un blog collectif « privé » puis tenir son propre carnet de recherche lui a-t-il été utile ?
- quelles circulations entre « écriture papier » et « écriture numérique » ?
- quels outils d’écriture / relecture collaborative a-t-elle mobilisé ? avec quels résultats ?
Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement la lecture de ce billet très éclairant et stimulant. Il constitue un excellent témoignage des transformations du métier de chercheur, et une invitation à nous intéresser de plus près à ces mutations concrètes qui sont en mesure d’affecter toutes les pratiques historiennes, et non seulement celles des seuls « digital humanists« .
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Si le billet de @peccadille vous inspire et que vous souhaitez revenir de la même façons sur vos pratiques (avec photos de vos espaces de travail notamment – cela apporte beaucoup au billet) , n’hésitez pas à nous contacter, une publication sur La boîte à outils des historiens est tout à fait envisageable 😉