Vous êtes difficilement passé à côté ces derniers mois : la promotion de l’accès ouvert aux publications scientifiques à peu à peu laissé la place à la défense d’un projet bien plus large, celui d’une « sciences ouverte ».
Que vous soyez doctorants, jeunes ou moins jeunes chercheurs, vous avez probablement rencontré les problématiques de la science ouverte à travers des initiatives diverses : des formations doctorales à la gestion des données jusqu’aux recommandations (voire aux obligations) de dépôt des données pour les projets financés sur fonds publics. Vous avez même très certainement au moins entendu parler du Comité pour la science ouverte créé l’an dernier (pour plus d’information, voir la « feuille de route du CNRS pour la science ouverte » <plaquette PDF>)
Il n’est toutefois pas impossible que dans tout ce que vous voyez circuler, vous ayez un peu de mal à vous retrouver et à saisir en quoi cela vous concerne. Il faut dire que la pédagogie n’est pas ce qui caractérise le plus bon nombre de propos et publications sur la question. En outre, le plus souvent, dans nos institutions de recherche, les présentations et formations ont parfois tendance à se concentrer sur une des questions soulevées (les données des doctorants ; les données d’un projet ANR ; etc.), le tout passant un peu rapidement/densément sur les fondements scientifiques et politiques de la démarche.
C’est en tous cas le sentiment que j’éprouvais moi-même lorsque la question m’était posée : je pouvais citer des exemples un peu généraux, renvoyer au site du Comité pour la science ouverte, affirmer de façon un peu péremptoire que l’idée qu’il y avait derrière c’est que les principes qui conduisent à la défense de l’accès ouvert aux publications scientifiques pouvaient (devaient) être étendus plus largement… Mais pas grand chose à me mettre sous la dent pour renvoyer mes interlocuteurs et interlocutrices à une présentation pédagogique (et convaincante) qui ne soit ni trop longue ni trop vague.
Il se trouve que nous avons désormais quelque chose de cet ordre à faire circuler. Marin Dacos (conseiller scientifique pour la science ouverte auprès du directeur général de la Recherche et de l’innovation du ministère de l’ESR) a prononcé plusieurs conférences pour sensibilité les acteurs du monde de la recherche aux problématiques de la science ouverte. Celle qu’il a prononcé à la MSH Paris-Saclay fin novembre 2019 est particulièrement claire et utile:
En outre, vous pouvez accéder librement au support utilisé pour cette présentation, mise en ligne sur Zenodo :
< https://doi.org/10.5281/zenodo.3714507 >
Et puisque vous êtes ici… c’est que ces problématiques vous intéressent ou, au moins, vous interrogent. J’en profite donc pour relayer ci-dessous un appel initié par Lionel Maurel, Silvère Mercier, et Julien Dorra. Partant des questions que posent, dans le contexte actuel, les restrictions et inégalités d’accès non seulement aux savoirs scientifiques mais aussi à l’éducation, à la culture ou à la santé, ils plaident pour une extension des logiques propres à la science ouverte à ces domaines. On peut ne pas partager toutes leurs propositions, mais elle méritent certainement d’être connues et, le cas échéant, discutées.
Pour un plan national pour la culture ouverte, l’éducation ouverte et la santé ouverte
« Crise ou pas crise, nous avons tout le temps besoin d’un savoir ouvert »
La crise sanitaire du coronavirus nous oblige à réévaluer ce qui est fondamental pour nos sociétés. Les personnes essentielles sont bien souvent celles qui sont invisibilisées et même peu valorisées socialement en temps normal. Tous les modes de production sont réorganisés, ainsi que nos formes d’interaction sociale, bouleversées par le confinement.
Dans ce moment de crise, nous redécouvrons de manière aigüe l’importance de l’accès au savoir et à la culture. Et nous constatons, avec encore plus d’évidence, les grandes inégalités qui existent parmi la population dans l’accès à la connaissance. Internet, qui semble parfois ne plus être qu’un outil de distraction et de surveillance de masse, retrouve une fonction de source de connaissance active et vivante. Une mediathèque universelle, où le partage et la création collective du savoir se font dans un même mouvement.
Face à cette situation exceptionnelle des institutions culturelles ou de recherche, rejointes parfois par des entreprises privées, font le choix d’ouvrir plus largement leurs contenus. On a pu ainsi voir des éditeurs donner un accès direct en ligne à une partie des livres de leur catalogue. En France, plusieurs associations de bibliothèques et d’institutions de recherche ont demandé aux éditeurs scientifiques de libérer l’intégralité des revues qu’ils diffusent pour favoriser au maximum la circulation des savoirs et la recherche. Aux États-Unis, l’ONG Internet Archive a annoncé le lancement d’une National Emergency Library libérée de toutes les limitations habituelles, qui met à disposition pour du prêt numérique 1,4 millions d’ouvrages numérisés.
« Personne ne doit être privé d’accès au savoir en ces temps de crise », entend-on. « Abaissons les barrières au maximum ». L’accès libre et ouvert au savoir, en continu, la collaboration scientifique et sociale qu’il favorise, ne sont plus seulement un enjeu abstrait mais une ardente nécessité et une évidence immédiate, avec des conséquences vitales à la clé.
Il aura fallu attendre cette crise historique pour que cette prise de conscience s’opère de manière aussi large.
Cet épisode aura aussi, hélas, révélé certaines aberrations criantes du système actuel. […]
Source : Framablog
Pour lire la suite de cet appel, rendez-vous sur le Framablog. Par ailleurs, si vous souhaitez diffuser ce texte, les auteurs ont conçu un « kit de partage » hébergé sur http://savoirsouverts.fr/
Crédit image de une : « Open » par BlueEyes94, en CC sur Flickr