- En premier lieu, elle nous a conduit à repenser son organisation en fonction de nos réflexions autour du « socle commun » dont il a beaucoup été question ici ces derniers temps (voir ici et là) et de la recentrer sur les outils qui nous semblaient les plus immédiatement nécessaires pour démarrer une recherche. Les thématiques retenues pour ces journées correspondaient toutes à certains outils des trois composantes de ce « socle » (dont nous avons pu présenter les enjeux essentiels en introduction de la formation grâce à la présentation Prezi concoctée par Franziska)
- En second lieu, elle nous a permis de finir cette semaine, certes, fatigués mais pas sur les rotules comme les deux fois précédentes… c’est secondaire mais pas négligeable !
Le succès était de nouveau au rendez-vous avec une légère hausse du nombre de participant-e-s par rapport aux années précédentes, confirmant en cela les importants besoins de formation sur lesquels nous insistons partout où cela nous est possible de le faire (voir ici par exemple).
- Profils
La majorité des participant-e-s étaient des étudiant-e-s inscrit-e-s en Master 1 et 2, mais nous avons aussi pu accueillir quelques doctorant-e-s, auditeurs et auditrices libres. En ce sens, il est clair que si notre formation s’adresse d’abord aux « M1 », les besoins de formation à certains outils vont bien au-delà :
- Participations
La formation étant totalement facultative, les participant-e-s sont libres d’assister aux modules de leur choix et ne sont donc pas tenu-e-s de suivre l’intégralité des cours, ateliers et conférences :
On peut constater ici que la fréquentation est principalement sélective : les participant-e-s viennent glaner cours ou simples conseils au gré de leurs besoins du moment. C’est ce qui fait, selon nous, l’une des qualités de cette formation – à une nuance près : jusqu’ici les étudiant-e-s en première année de master qui, en octobre, ne pensaient pas avoir besoin d’une formation au traitement de texte, étaient généralement celles et ceux qui nous contactaient en mars, à l’aube de leur rédaction de mémoire, pour apprendre à faire leur table des matière ou leur index… L’organisation d’une seconde session en cours d’année devrait permettre de pallier en partie à cette situation.
Comme chaque année, c’est la séance consacrée à Zotero (mardi) qui a attiré le public le plus important. La journée « présentation et diffusion de la recherche » a attiré moins de monde, mais cela peut aussi s’expliquer par le fait qu’il s’agissait du mercredi, dernier jour de la formation (chaque année, le nombre de participant-e-s diminue le dernier jour…) :
La formation était donc organisée en trois journées, chacune étant composée de trois modules : cours, atelier, conférence.
- Jour 1 : « Faire des recherches documentaires sur Internet »
Le cours était consacré à la présentation de nombreux outils de recherche documentaire en ligne : des moteurs de recherche aux méta-catalogues ; portails de ressources, bibliothèques numériques et autres archives ouvertes ; bases de données de revues ; etc. Le cours était basé sur une version revue et augmentée de la séance que nous avions organisée l’an dernier pour une formation des inscrit-e-s en FLE à l’EHESS (voir par ici) : il s’agissait d’y présenter autant les ressources en libre accès que les nombreux abonnements souscrits par l’EHESS pour ses étudiant-e-s et accessibles via l’ENT de l’établissement. Nous y avons ajouté, par ailleurs, quelques éléments de base concernant la veille documentaire en ligne (point que nous n’avions jamais le temps de traiter au cours des éditions précédentes – voir par là).
L’atelier a permis aux étudiant-e-s de commencer à se familiariser avec les ressources présentées le matin, afin qu’il puissent s’initier à leur utilisation dans le cadre de leurs propres recherches. Il ont ainsi, notamment, pu commencer à mettre en place une veille documentaire via l’abonnement à des blogs hébergés sur les deux principales plateformes francophones de blogging scientifique Hypotheses.org et Culture Visuelle (nous en avons profité présenter rapidement l’existence d’une archive de blogs académiques, principalement en langue anglaise, et pour découvrir que le wiki qui en actualisait cette liste, dont une section des « academic blogs in french », n’existe plus…). Les participant-e-s ont ensuite interrogé le Sudoc, Isidore, etc. pour créer des alertes e-mail ou flux rss personnalisés sur leurs propres recherches.
La conférence de Claire Lemercier chargée de recherche au CNRS-CSO (dont on peut lire un entretien sur Devenir historien-ne) fut, comme toujours, particulièrement stimulante et instructive. En nous invitant à une visite de « l’arrière boutique » de ses recherches, qui a pris la forme d’une visite guidée de ses disques durs, signets, etc. elle nous a offert une présentation des conséquences de l’apparition de nouveaux outils informatiques sur sa façon de rechercher, trier, ranger, sauvegarder, utiliser… la documentation nécessaire à ses recherches. Cette séance a aussi été l’occasion de compléter le panorama des ressources en ligne utiles à l’historien-ne : de l’incontournable répertoire de logiciels libres proposé par Framasoft aux ressources exceptionnelles que constituent, dans des domaines très différents, la base textuelle Frantext ou la documentation (très difficilement accessible) des Gale Digital Collections, en passant par le très utile « how much is that ? » d’EH.net, etc. etc. etc.
- Jour 2 : « Gérer et exploiter ses données bibliographiques »
La deuxième journée de formation était organisée autour de l’instrument qui attire chaque année le plus de monde aux cours et ateliers : Zotero. La première partie du cours a été l’occasion de rappeler quelques conseils de base dans la présentation des références bibliographiques, et de sensibiliser les participant-e-s à la question du plagiat (voir ici et là). Nous avons ensuite présenté le fonctionnement de Zotero, tant du point de vu de son utilisation pour gérer les références bibliographiques que de celui des citations dans un logiciel de traitement de texte (voir une version très proche du tutoriel utilisé). Franziska a ensuite présenté son propre usage de Zotero pour la gestion de la quasi-intégralité de sa documentation : références bibliographiques, photographies de sources, annotations, etc.
Au cours de l’atelier, les participant-e-s ont pu apprendre à installer Zotero, à récupérer des informations bibliographiques en ligne, à les gérer via les collections et sous-collections, à citer leurs références dans un traitement de texte, à synchroniser les données avec le serveur Zotero, etc. Cette séance a ainsi été l’occasion de constituer une première bibliographie de travail pour celles et ceux qui entament tout juste leur première année de Master Histoire (sur l’utilité du travail bibliographique, voir ici et là).
Cette séance a été l’occasion de refaire l’expérience d’une utilisation de Zotero avec Mac. Lors d’une formation précédente, certains problèmes d’installation sous Mac n’avaient pas pu trouver de solution malgré nos efforts (voir ici) ; les installations restent un peu plus compliquées qu’avec les PC mais nous n’avons, cette fois-ci, rencontré aucune difficulté insoluble. Si l’installation du plugin d’intégration a OpenOffice 3 s’est révélée impossible, le passage à LibreOffice a résolu toutes ces difficultés – voici probablement un nouvel argument en faveur de la suite développée par The Document Foundation (voir ici pour plus d’informations).
La journée s’est achevée sur une conférence consacrée à l’usage de la lexicométrie en histoire, donnée par Benjamin Deruelle, PRAG à l’université Paris 1, et Sophie Cinquin, en Master Histoire à l’EHESS et contributrice régulière du blog Devenir historien-ne (qui avait participé à notre formation l’an dernier côté étudiant-e-s). Benjamin Deruelle a commencé par exposer les enjeux historiographiques et méthodologiques de l’usage de la lexicométrie en histoire. Cette méthode interdisciplinaire, utilisée par les historiens depuis les années 1970, reste méconnue malgré son grand intérêt heuristique. Rappelant que le principe de base de cette méthode consiste à comparer les textes entre eux au sein d’un corpus, B. Deruelle a insisté sur le fait que le quantitatif y est mis exclusivement au service du qualitatif. Sophie Cinquin a ensuite présenté sa propre utilisation des outils offerts par la lexicométrie pour sa recherche sur les épître dédicatoire à la reine Marguerite. Elle a ainsi pu illustrer le propos de B. Deruelle à travers une recherche de Master en cours, montrant à quel point la mobilisation de ce type de méthode peut enrichir la construction d’un objet de recherche en sciences sociales. L’échange qui a suivi les deux intervention a permis de confirmer l’intérêt d’une telle méthode pour de nombreux sujets, toutes périodes confondues.
- Jour 3 : « Présenter et diffuser sa recherche »
Consacré aux outils de présentation, le cours du matin a permis de rappeler quelques conseils de bonnes pratiques concernant la construction d’un exposé. Reprenant son analogie entre la préparation, le déroulement et l’achèvement d’une randonnée, Franziska a pu souligner l’importance de la préparation de l’exposé comme préalable incontournable à toute construction d’une présentation de type PowerPoint. Les principes de base de l’utilisation du logiciel ont ensuite été exposés (voir le tutoriel pour MS2010) et nous avons saisi cette occasion pour rappeler et insister sur le fait qu’une présentation doit toujours être conçue comme un moyen d’illustrer le propos et ne pas risquer de s’y substituer. Nous nous sommes basés, pour cela, sur des commentaires de présentations que nous avions été amenés à réaliser pour des colloques ou séminaires. Un outil complémentaire aux logiciels classiques de présentation a été rapidement présenté : Prezi. Sans constituer une alternative universelle, cet éditeur de présentation permet de se détacher de la présentation de type « diapositives » pour certains exposés (voir un exemple plus haut dans ce même billet).
Nous avons, enfin, profité du temps qu’il nous restait à la fin de ce dernier cours, pour rappeler quelques principes de base de la sauvegarde des données informatiques (voir ici, là et là pour quelques conseils précieux) : en résumé : sauvegardez régulièrement vos données, et utilisez plusieurs supports : disques externes, dropbox, etc. Au cours de l’atelier, les participant-e-s ont pu commencer à construire une présentation de leur projet de recherche avec le logiciel de leur choix.
Cette troisième édition des « outils informatiques pour les historien-ne-s » s’est achevée sur une conférence donnée par :
- Frédéric Clavert, chercheur au CVCE, principal contributeur du carnet ZoteroFrancophone (voir aussi son blog personnel, où il a publié un résumé de son intervention et des échanges qui ont suivi) et auteur d’un billet de La boîte à outils sur les réseaux sociaux.
- Benoît Kermoal, doctorant à l’EHESS (CRH-AHMOC) et enseignant, qui accompagne sa recherche doctorale en cours d’un carnet de recherche intitulé Enklask/Enquête. Recherches sur l’histoire du socialisme en Bretagne.
- Martine Sonnet, chercheuse à l’IHMC (UMR CNRS-ENS) animatrice d’un carnet de séminaire « Femmes au travail, questions de genre, XVe-XXe siècle » (voir aussi son blog personnel), qui participait pour la deuxième année consécutive à notre formation (voir le compte rendu de l’an dernier)
Pour la première fois en trois ans, nous avons pu réunir plusieurs historien-ne-s autour de la question de l’utilisation des blogs et réseaux sociaux en histoire. Ce simple fait témoigne d’une transformation récente soulignée par l’ensemble des intervenant-e-s : même dans des proportions moindres que dans les autres disciplines de SHS, les historiens et historiennes se saisissent enfin de ces outils ; la naissance et le développement considérable de la plateforme hypotheses.org n’y est certainement pas étrangère. Ce n’est toutefois qu’un début, comme le soulignait Martine Sonnet « ces pratiques que nous partageons ne sont pas universellement partagées ».
Le travail de compte rendu ayant déjà été fait par Frédéric Clavert (voir ici) et par Delphine Regnard – que l’on remercie au passage de nous avoir offert notre premier live-tweet, hashtag #oih2011 ! – je me permets de vous y renvoyer.
Retenons ici simplement que l’intérêt des blogs et réseaux sociaux (twitter essentiellement) pour les historien-ne-s a été souligné par nos trois intervenant-e-s à travers : la capacité qu’ils nous offrent de constituer des réseaux parallèles, en dehors des voies classiques (séminaires, colloques, institution d’appartenance…) ; de débattre et échanger de façon plus détendue mais toutefois sérieuse. Le blog a été aussi présenté comme un très bon instrument d’entrainement à l’écriture historique, comme un moyen de progresser dans la conceptualisation d’un sujet de recherche. De ce point de vue, on ne saurait trop conseiller aux étudiant-e-s en Master et aux doctorant-e-s de tenter l’expérience, individuellement ou collectivement.
Pour finir ce déjà (trop) long compte rendu, nous tenons ici, Franziska et moi, à remercier les intervenant-e-s de nous avoir accordé un peu de leur temps précieux et de nous avoir offert des exposés d’un très grand intérêt ; nous remercions aussi les participant-e-s d’être venu-e-s si motivé-e-s et nombreux-euses. Rendez-vous bientôt pour la prochaine édition !
Vous avez participé à la formation ? N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques en commentaires !